C’est entre Boulouparis et La Foa que l’Administration pénitentiaire ouvre, en 1887, ce camp disciplinaire à la sinistre réputation et réservé aux condamnés de la quatrième classe.
Là sont regroupés les forçats les plus rebelles, réfractaires au travail comme à la discipline. On les surnomme les « incorrigibles » ou les « incos » dans l’argot du bagne.
Les conditions de vie y sont effroyables : plus de 10h de travail par jour sur les chantiers de route. Les violences commises par les surveillants et la Police indigène sont telles que le Camp Brun devient le « Camp de l’abattoir », redouté même par les plus endurcis qui n’ont qu’une idée en tête : sortir de cet enfer par tous les moyens.
Certains n’hésitent pas à se provoquer des infections, d’autres choisissent de se mutiler volontairement en se crevant les yeux, en se broyant un pied ou en se tranchant un membre. Face à l’ampleur prise par ces pratiques, l’administration pénitentiaire crée, par un arrêté de 1893, une «section de mutilés» à l’intérieur même du Camp Brun.
Les 10 heures de travail forcé y restent de rigueur mais, précise l’arrêté, ce travail sera choisi suivant les forces et les mutilations de chaque condamné.
En 1894, la Pénitentiaire envisage de transférer le camp disciplinaire sur l’îlot Téremba afin de réaliser une digue reliant ce dernier à la terre. Mais ce projet ne voit pas le jour. La fermeture définitive du Camp Brun intervient en 1895, sur décision du gouverneur Feillet.
L’Association Marguerite, dont l’objectif est la sauvegarde du patrimoine, a souhaité valoriser le site historique du Camp Brun en impliquant la jeunesse du pays. Le site du Camp Brun, acquis et classé Monument Historique par la province Sud en 2007, s'étend sur 3 hectares. On y trouve de nombreux vestiges aujourd'hui noyés dans la végétation :
En 2023, l’Association Marguerite a débuté les travaux de remise en état du site historique du Camp Brun. La première étape de ce long et fastidieux chantier consistait à dégager de la végétation l'ensemble des vestiges et à réaliser un circuit pédestre agrémenté de panneaux explicatifs.
Ces premiers travaux de valorisation du Camp Brun ont été assurés par des jeunes engagés du Service Civique et encadrés par le personnel de l'association Marguerite. Ils ont permis d'offrir à ces jeunes un engagement citoyen au service du patrimoine architectural calédonien. D'autres jeunes pourront également intervenir dans le cadre de dispositifs tels que les chantiers d'insertion ou le RSMA.
Dans un second temps, un levé complet des vestiges sera réalisé avant de pouvoir envisager les premiers chantiers de consolidation. Ces travaux seront assurés par des archéologues, des architectes et des entreprises spécialisées dans la restauration de bâtiments historiques.
À terme, le site du Camp Brun pourra pleinement répondre aux critères en vue du dossier de demande de classement du bagne calédonien au Patrimoine Mondial de l'UNESCO.
crédit vidéo : Bruno Capy
L’Association Marguerite propose depuis 2024 des visites guidées du site historique du Camp Brun deux week-ends par mois. Accompagnés d’un guide expérimenté, partez à la découverte de l’histoire du bagne calédonien et de son patrimoine.
Ces visites guidées ont lieu uniquement sur réservation par téléphone au +687 44 32 71
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Le site historique du Camp Brun est situé sur la commune de Boulouparis, à 13 km du centre du village de Boulouparis et à une distance équivalente du village de La Foa.
Le Camp Brun est un site privé, accessible au public uniquement pendant les visites guidées organisées par l’Association Marguerite.
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